L'entrepreneuriat étudiant à la croisée des enjeux économiques et sociétaux
Dans cet article, Véronique Schaeffer et Pauline Brunner étudient les caractéristiques des projets entrepreneuriaux commerciaux, sociaux, environnementaux ou durables menés par des étudiants entrepreneurs.
Quelle était votre problématique de recherche ?
Dans notre recherche, nous avons voulu explorer les caractéristiques des étudiants entrepreneurs impliqués dans des projets économiques, sociaux, environnementaux ou durables. Bien que de nombreuses études se penchent sur les entrepreneurs traditionnels, peu s’intéressent spécifiquement à cette population, qui est jeune, souvent peu expérimentée, et motivée par les grands défis sociétaux. Ainsi, notre problématique se structure autour de plusieurs questions. Les étudiants entrepreneurs engagés dans des projets commerciaux, sociaux, environnementaux ou durables présentent-ils un profil spécifique ? L'enseignement de l'entrepreneuriat influence-t-il l'émergence de ces types de projets ?
Quelle démarche avez-vous mise en place ?
La démarche a été structurée en plusieurs étapes clés :
- Collecte des données : Nous avons recueilli des informations auprès de 210 étudiants entrepreneurs impliqués dans le programme PEPITE entre 2014 et 2021 à l’aide de questionnaires en ligne.
- Analyse des profils et des projets : Nous avons analysé les données en deux étapes, avec deux méthodes complémentaires, afin de caractériser les spécificités projets économiques, sociaux, environnementaux ou durables, et l'influence du profil de l’étudiant et de son projet.
- Proposition d'une typologie : En s’appuyant sur ces analyses, nous avons proposé une typologie des étudiants entrepreneurs en distinguant des profils en fonction de leurs traits principaux comme le genre, l’âge, la formation ou le niveau d’études, etc. et des caractéristiques de leurs projets (secteur d’activité, type et phase du projet).
Quels résultats avez-vous obtenus ?
Nos résultats révèlent une diversité parmi les étudiants entrepreneurs, qui se regroupent en plusieurs profils distincts. Nous avons identifié, par exemple, les business entrepreneurs, majoritairement masculins, engagés dans des projets numériques et motivés par l’argent et le succès commercial ; les entrepreneurs sociaux, principalement des femmes, développant des projets dans le secteur de la santé ; les entrepreneurs environnementaux, souvent des hommes, travaillant sur des projets agricoles ou liés à la production d’objets ; ou encore, les entrepreneurs soutenables, issus de formations en droit ou en économie, axés sur l’agriculture et la revente.
Nous avons également constaté que l’implication dans des programmes d’éducation entrepreneuriale a une influence sur les orientations des projets. Les universités jouent un rôle dans la formation et le soutien d’une nouvelle génération d’entrepreneurs capables de répondre aux défis sociétaux et environnementaux actuels. Les étudiants entrepreneurs contribuent à la dynamique économique, à une société innovante, avec des projets porteurs de valeurs ou non, ils apportent de la diversité dans l’économie.
Véronique Schaeffer est professeure à l’Université de Strasbourg et directrice adjointe du laboratoire BETA. Ses recherches portent sur le management stratégique des collaborations, les dynamiques entrepreneuriales et les liens entre science et société.
Pauline Brunner est maîtresse de conférences à l’Université de Strasbourg, au sein du laboratoire BETA. Ses travaux de recherche portent sur les écosystèmes entrepreneuriaux propices à l’entrepreneuriat étudiant, l’accompagnement entrepreneurial et la protection de l’innovation des start-ups.